Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/491

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
485
SUR LA HOUILLÈRE DE BEAUJONC.

daine, renaissent à la confiance, se lèvent aussi, suivent Goffin père, et vont entreprendre une tranchée à la cinquième montée.

Là, à peine arrivés, ô bonheur inexprimable ! un bruit étranger frappe leurs oreilles, Bientôt ils reconnaissent qu’on travaille à leur délivrance, et leur espoir augmente d’autant plus, qu’ils distinguent les différées travaux du mineur : haver, couper et hotter la veine, sonder et jouer la mine [1].

À cette époque, suivant nos calculs , ils devaient être au samedi soir ; ainsi il y avait déjà plus de 36 heures que ces infortunés étaient descendus dans le bure Beaujonc. Epuisés de fatigues , tant par les peines qu’ils s’étaient données à la septième montée que par les travaux qu’ils avaient déjà faits au moment de l’irruption des eaux, ils refusèrent encore de travailler, en disant : « qu’ils aimaient autant mourir d’une manière que de l’autre. »

« Dans cette extrémité, le courageux Goffin les traite de lâches ; il leur déclare qu’il va hâter sa mort et leur enlever tout espoir en se noyant avec son fils, qu’il avait saisi. » Tous se jètent au-devant de lui et promettent de nouveau de lui obéir.

Mais l’air ne contient plus assez d’oxigène : les deux chandelles qui éclairent les travailleurs s’éteignent

  1. Haver, c’est détacher la veine de son lit. Couper, détacher la veine de chaque côté pour enlever un bloc ou quartier. Hotter, c’est détacher la houille du toit ; l’on se sert de coins en fer.