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RELATION

porte, un flambeau à la main ; nous arrivons, et nous apprenons qu’en effet la sonde[1] ayant pénétré treize mètres, a rencontré obliquement un ancien trou, et que dès-lors, quoiqu’indirectement, nous sommes en communication avec les malheureux exténués et privés de lumière depuis plus de quatre jours. Mais à quel point la sonde a-t-elle rencontré l’ancien trou, et quelle est la longueur de ce dernier ? c’est ce qu’il est impossible de déterminer. Comment faire passer des secours ! on ne peut faire usage des tubes de fer blanc préparés pour introduire des liquides. Un jour encore, et plusieurs ouvriers peuvent cesser de vivre ! Heureusement que l’on est sûr de déserrer dans quelques heures ; elles s’écoulent avec une lenteur désespérante. Chacun de nous croyant entendre les gémissemens des malheureux prêts à rendre le dernier soupir, voudrait avoir le pic dans les mains pour hâter leur délivrance, lorsqu’enfin ils indiquent eux-mêmes une meilleure direction à donner à la sonde, qui pénètre directement sur eux à deux heures du matin. Nos travailleurs les appellent, ils répondent et les supplient de boucher le trou, ne pouvant supporter l’impression de l’air qui s’y introduit avec impétuosité.

C’est ici le moment de prendre des précautions contre le feu, et de disposer tout ce qui peut être nécessaire pour rappeler à la vie des hommes exténués,

  1. Si la veine ou couche se fût abaissé verticalement, la sonde aurait attaqué le toit, et elle devenait inutile.