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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.
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jointe aux herbages qui flottaient de toutes parts, ainsi que nous l’avons dit, était plus que suffisans pour faire croire que l’on naviguait sur un haut-fond. On reviendra ailleurs sur l’espèce de ces poissons ; mais quant à celles des herbes que l’on apercevait de toutes parts, outre qu’elles devaient faire présumer qu’on approchait de la terre, leur apparition dans ce golfe donne à croire que les courans de ces parages portent nord, puisque ces plantes n’étaient, à l’exception de quelques zostères, que de longues tiges de graminées, la plupart encore garnies de leurs racines, quelques-unes même de leurs épis, et appartenant à ces hautes herbes des bords du Sénégal et de la Gambie, que ces fleuves entraînent lors de leurs inondations. Toutes celles enfin qu’on a pu observer étaient des panios ou des millets.

Tous ces faits prouvaient, à n’en pas douter, que nous étions sur un haut fond : la sonde annonça effectivement dix-huit brasses seulement. L’officier de quart fit de suite prévenir le commandant, qui ordonna de venir un peu plus au vent. Nous étions grand largue, les bonnettes à bâbord. On amena de suite ces voiles : la sonde fut lancée de nouveau et donna six brasses. Le capitaine en fut prévenu : en toute hâte il ordonna de serrer le vent le plus possible ; mais il n’était malheureusement plus temps[1].

  1. Toutes les notes désignées par des lettres sont de M. Brédif.

    (a) Les officiers voulaient retourner, l’eau manquant à