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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

par l’effet des nombreuses poursuites dont il est l’objet.

Après la lecture de l’arrêt de renvoi, M. de Broë, avocat-général, s’est exprimé à peu-près en ces termes :

Depuis la loi qui a provisoirement rétabli la censure pour les journaux et ouvrages périodiques, plusieurs écrivains ont cherché à se soustraire à l’application de cette loi, en publiant tous les jours ou à des époques très-rapprochées, des brochures dont l’unique objet parait être d’exciter les passions et d’insulter l’autorité. Ils sont trop bien secondés dans ce projet par plusieurs libraires qui se sont attribué le privilège de vendre ces sortes d’écrits.

Un jeune homme de 23 ans, le sieur Bousquet-Deschamps, s’est reconnu l’auteur de plusieurs de ces brochures. Le sieur Corréard semble s’être associé à lui pour leur distribution ; car, outre l’indication de son nom, l’on remarque sur le frontispice de chacune d’elles une gravure qui retrace l’enseigne de son magasin : Au naufragé de la Méduse.

Notre premier soin, pour justifier la prévention qui pèse sur le prévenu, doit être d’établir la culpabilité de l’écrit sur lequel vous avez à statuer, et, à cet égard, notre tâche n’est que trop facile à remplir. L’auteur s’adresse à la jeunesse pour l’exciter à la révolte, par une allusion criminelle ; les jours du monarque lui-même semblent menacés, et l’intérêt de la société exige la répression d’un tel délit.