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MÉMOIRE

rapport, et, abstraction faite de l’inexpérience et de la présomption de cet officier, les dispositions pénales précitées devaient lui être appliquées.

Il n’a cependant été condamné qu’à une peine correctionnelle et temporaire ; et cette peine est bien plutôt une concession forcée faite à l’opinion publique par l’autorité, compromise elle-même dans cet événement par l’imprudence de son choix, qu’une application franche et énergique de la loi.

Nous demandons que la chambre se fasse rendre compte de la procédure et du jugement de cette affaire, et qu’elle examine si l’accusation a porté sur les véritables chefs sur lesquels elle devait porter, c’est-à-dire, sur l’abandon du vaisseau et du radeau, ou s’il n’a pas été pris quelque tournure officieuse pour soustraire l’accusé à la juste application de la loi, et donner le change à l’opinion publique par l’apparence d’une instruction et d’un jugement.

Nous le demandons, non pas tant encore dans l’intérêt de notre ressentiment et de la réparation due aux mânes de nos malheureux compagnons d’infortune, que dans celui de notre marine, qui, dès sa renaissance, s’est vue affligée par tant de désastres impunis, et qui ne peut prendre quelque consistance que par la rigoureuse exécution des lois, et par des exemples éclatans. Nos voisins nous ont donné sur ce point des leçons dont nous devrions profiter.

Nous demandons, en second lieu, que la chambre