Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MÉMOIRE

présenté

AUX CHAMBRES DES PAIRS ET DES DÉPUTÉS,

PAR ALEX. CORRÉARD,

L’un des naufragés du radeau de la frégate la Méduse.


MESSIEURS,

Un épouvantable désastre a frappé plusieurs de vos concitoyens : abandonnés au milieu des flots sur un frêle radeau, ils se sont vus pendant treize jours livrés à toutes les horreurs du désespoir : la postérité ne voudra pas croire à leurs souffrances, surtout lorsqu’elle apprendra la manière dont leurs contemporains se sont conduits envers eux.

Quelques-uns de ces malheureux ont seuls échappé à la mort de la manière la plus miraculeuse. Marqués du sceau du malheur et consacrés par une grande infortune, ces hommes eussent été chez tout peuple civilisé ou même chez les barbares, des êtres en quelque sorte sacrés. Toute terre sur laquelle ils eussent