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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

Nous croyons avoir assez démontré les ressources que présente ce vaste pays, pour déterminer le gouvernement à favoriser les établissemens d’agriculture, dans cette partie du monde.

Nous n’aurons point lu présomption d’entreprendre de tracer des projets, de proposer des systèmes pour faire prévaloir tel ou tels moyens d’exécution. Nous allons seulement terminer notre tâche par quelques considérations générales, propres à confirmer ce que déjà nombre d’habiles observateurs ont pensé de l’importance des établissemens d’Afrique, et de la nécessité d’adopter pour ces contrées un plan suivi de colonisation.

Quelqu’illusion que l’orgueil, les préjugés, l’intérêt personnel se fassent sur le rétablissement de nos colonies occidentales, personne ne pourra bientôt plus se dissimuler l’inutilité des efforts tentés pour se soutenir dans une fausse route. Les calculs finiront par triompher d’une opiniâtreté aveugle et des faux raisonnemens.

il est déjà un certain nombre de données incontestables, et dont il faudra bien, tôt ou tard, admettre les conséquences. Et d’abord, bien que quelques-uns de ces gens, qui croient que le monde entier a dormi avec eux pendant vingt-cinq ou trente ans, rêvent encore la soumission de Saint-Domingue, les esprits sages reconnaissent aujourd’hui que quand bien même le succès final d’une telle entreprise serait possible, son résultat réel serait d’avoir dépensé, pour conquérir un désert et des ruines sanglantes, dix fois plus d’hom-