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CHAPITRE XV.

et demie et placé sous le vent de Gorée. Son sol est un terreau noir et gras, reposant sur une coulée de lave qui paraît provenir des Mamelles. C’est-là que commencent à se multiplier les grands végétaux autres que les boababs, et qui, plus loin, jusque vers le cap Rouge, couvrent, comme une forêt, tous les rivages que l’on aperçoit. Les puits de Ben qui fournissent de l’eau à Gorée, n’en sont qu’à une petite distance, et le lac de Tinguaye commence aux environs. Ce lac, en grande partie formé par les eaux pluviales de la presqu’île, contient une eau saumâtre qu’il est facile de rendre potable ; il est habité par les guésiks ou guiasicks des jolloffes, ou crocodiles noirs du Sénégal ; mais on y détruirait aisément ces animaux. En septembre, ce lac paraît tout couvert de nénuphar blanc, et devient, pendant l’hivernage, le rendez-vous d’une multitude d’oiseaux de rivage, parmi lesquels dominent par leur taille le grand pélican, cette superbe grue couronnée qui a reçu le nom d’Oiseau royal, et ce héron gigantesque, connu dans la Sénégambie sous le nom vénérable de Marabou, pour sa tête chenue parsemée de poils rares et blancs, sa taille élevée et sa démarche imposante.

« Considérée géologiquement, l’île de Gorée est un groupe de colonnes de basaltes encore debout, mais dont une partie paraît avoir éprouvé l’actlon de la même cause de destruction et de renversement que les colonnes de même formation du cap Vert, puisqu’elles sont inclinées ou renversées dans la même direction.