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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

qui la domine. La ville s’élève sur ce banc de sable, et un fortin, construit sur la croupe du rocher, la commande et la défend tant bien que mal. Dans sa situation actuelle, Gorée ne résisterait pas à un vaisseau de ligne. Sa rade, qui n’est qu’un mouillage en pleine mer, est d’une bonne tenue dans les plus gros temps ; mais elle est exposée à tous les vents, excepté à celui qui vient de l’île, laquelle alors lui sert d’abri. Les Européens qui désiraient faire la traite, ont préféré ce rocher aride et placé au milieu d’une mer furibonde, aux terres voisines du continent, où l’on trouverait de l’eau, du bois, des végétaux et enfin les choses nécessaires à la vie. La même raison qui a fait donner la préférence à un banc de sable étroit et stérile du milieu du Sénégal pour y bâtir Saint-Louis, a décidé en faveur de Gorée : c’est que l’un et l’autre ne sont que des repaires ou des prisons destinées à renfermer passagèrement des malheureux qui, dans toute autre situation, trouveraient les moyens de s’échapper. Pour ne commercer que sur des hommes, il ne faut que des fers et des geôles ; mais comme ce genre de lucre n’existe plus légalement, si l’on veut retirer d’autres produits de ces possessions et ne pas les perdre entièrement, il faut changer la nature de ses spéculations et porter ses vues et ses moyens sur la terre-ferme, où l’industrie et l’agriculture promettent des richesses, à la production desquelles applaudira l’humanité.

Le point qui parait le plus propre à un établissenieut agricole est le cap Belair, distant d’une lieue