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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

ter en partie ce que produisent les autres colonies ? rien que quelques hommes capables de diriger les naturels dans leurs travaux, et de leur procurer les instrumens aratoires et les plantes dont ils manquent. Qu’on les trouve, ces hommes, et l’on verra bientôt s’élever sur les bords de ce fleuve, une foule d’habitations qui deviendront peut-être avec le temps rivales de celles des Antilles. Les noirs aiment la nation française plus que toute autre, et il serait facile de diriger leur esprit vers la culture. Une petite aventure arrivée à M. Corréard, fera sentir jusqu’à quel point ils portent la bienveillance pour les Français.

Dans le courant du mois de novembre, sa fièvre lui ayant laissé quelques jours de relâche, il fut invité par M. François Valentin à faire une partie de chasse dans les environs du village de Gandiolle, situé au sud-sud-est de Saint-Louis. De cette partie étaient M. Dupin, sobrécargue d’un navire de Bordeaux, qui était alors dans le Sénégal ; M. Yonne, frère de M. Valentin, en faisait également partie. Leur intention était de prolonger les plaisirs de la chasse pendant plusieurs jours ; en conséquence ils empruntèrent une tente au respectable major Peddy, et ils allèrent s’établir sur les bords du Golfe que forme le Sénégal, depuis que son ancienne embouchure s’est totalement fermée, et qu’il s’en est formé une nouvelle à trois ou quatre lieues plus haut que la première. Là, ils étaient à une petite lieue du village de Gandiolle. M. Corréard dirigeait sa course, ou plutôt ses reconnaissances, un peu dans