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CHAPITRE XV.

celle de Safal par deux petits bras du fleuve. Cette île, sous les rapports agricoles, présente déjà quelques résultats, à la vérité peu satisfaisans, aux colons qui ont bien voulu renoncer à l’inhumain métier de la traite des noirs, pour devenir de paisibles cultivateurs. Plusieurs ont établi des plantations de coton, qu’ils appellent Lougans. M. Artique, négociant, est celui qui a le mieux réussi jusqu’à ce jour. Sa petite plantation lui a rapporté 2400 fr. en 1815 ; ce qui a fait naître le désir à plusieurs habitans de Saint-Louis, d’y défricher des portions de terrain. À son exemple, l’on voit sur plusieurs points, des commencemens d’habitations, qui déjà promettent des récoltes précieuses à ceux qui ont entrepris la culture de ces denrées coloniales. Le sol de Babagué est plus élevé que celui des autres îles environnantes. À son extrémité sud, qui est positivement en face de la nouvelle barre du fleuve, on aperçoit une infinité de cases de noirs, un poste militaire avec un observatoire, et deux ou trois petites maisons de plaisance.

L’île de Safal, appartenant à M. Picard, présente les mêmes avantages. Son sol est à peu près le même que celui des îles dont nous venons de parler. Dans aucune on ne trouve d’eau potable, mais il serait facile de s’en procurer d’excellente, en faisant des puits d’environ deux mètres de profondeur, construits avec de la pierre polarnisci qu’on apporte des îles Canaries.

Le coton et l’indigo croissent partout spontanément. Que manque-t-il donc à ces contrées, pour y récol-