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CHAPITRE I.

les plus élevées, que des euphorbes ou des cierges épineux, et pour celles qui tapissent le sol, probablement ce lichen chevelu, crocella tinctoria, employé à la teinture et que cette île fournit en abondance au commerce.

L’île de Ténériffe ne vaut point celle de Madère ; il n’y a même aucune comparaison à établir entre elles, sous le rapport des produits agricoles, tant il y a de différence entre les qualités des deux sols : celui de Ténériffe est beaucoup plus sec. Une partie considérable en est beaucoup trop volcanisée pour être consacrée aux travaux de l’agriculture. Cependant tout ce qui est susceptible de produire quelque chose est cultivé avec beaucoup de soin, ce qui prouverait que dans cette île les Espagnols sont beaucoup moins indolens qu’on ne se plaît généralement à l’assurer ; mais sous le rapport commercial, tout l’avantage est en faveur de la première, sans que la seconde puisse le lui disputer. Sa position géographique, au centre des Canaries, lui ouvre les voies d’un commerce très-étendu, tandis que Madère est réduite à la vente de ses vins, dont elle échange le produit contre les objets de fabrication européenne, nécessaires aux consommations ou aux jouissances de ses habitans.

Nous avons déjà dit plus haut que Sainte-Croix est une très-jolie ville d’Afrique ; mais il est fâcheux que les mœurs y soient un peu relâchées, comme dans tous les pays chauds. Aussitôt qu’on eut appris que des Français étaient arrivés dans la ville, quelques femmes se