Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
344
NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

l’énorme diamètre auquel ii parvient, a mérité le nom d’éléphant du règne végétal, et qui, à d’autres titres encore est digne de fixer notre attention. Le baobab devient souvent pour les noirs une demeure dont la construction n’exige d’autre travail que de pratiquer une ouverture dans sa circonférence pour servir de porte, et d’en ôter, sans beaucoup d’efforts, l’espèce de moelle extrêmement molle qui remplit l’intérieur du tronc. Ainsi vidé, l’arbre n’en subsiste pas moins, et le feu qu’on y allume d’abord pour en sécher l’aubier, en le charbonnant, paraît même donner une nouvelle vigueur à la plante. Dans cet état, il arrive presque toujours que l’écorce, au lieu de s’arrêter en bourrelet sur les bords de la plaie, comme cela a lieu


    une vie plus que patriarchale. Selon les calculs d’Adasson, un arbre de vingt-cinq pieds de diamètre a dû employer trois mille sept cent cinquante ans à acquérir cette dimension ; ce qui supposerait un pied de croissance pour cent cinquante ans, ou un pouce tous les douze ans et demi. Mais une observation de Golberry dérangerait singulièrement ce calcul ; il a mesuré en effet un boabab trente six ans après Adasson, et n’a trouvé son diamètre accru que d’à peu près huit lignes. Cette croissance n’est donc point uniformément progressive, et elle doit se ralentir à une certaine époque de l’âge du boabab, dans une proportion qu’il doit être impossible de déterminer. Autrement, si l’on admettait qu’il emploie trente six ans à augmenter en diamètre de huit lignes seulement, il en mettrait cinquante quatre pour gagner un pouce, et six cent quarante huit pour un pied ; ce qui donnerait seize mille deux cents ans à un arbre de vingt-cinq pieds de diamètre.