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CHAPITRE XV.

Voici ce que dit de Saint-Louis le commandant Poinsignon.

« Saint-Louis est un banc de sable étouffant, sans eau potable ni verdure, avec quelques maisons assez bien bâties vers le sud, et une grande quantité de cases en roseaux, basses et enfumées, qui occupent presque tout le nord. Les maisons y sont en brique d’argile salée, que le vent réduit en poudre si on n’a soin de les recouvrir soigneusement d’une couche de chaux, que l’on se procure facilement, et dont la blancheur éclatante fait mal aux yeux. »

« Vers le milieu de cette espèce de ville, est une vieille fabrique en ruine, que l’on décore du nom de fort, et dont les Anglais ont sacrifié une partie, afin d’y ménager des appartemens pour le gouverneur, et en assainir le rez-de-chaussée pour y loger des troupes. »

« En face est une batterie de gros calibre, dont le parapet couvre la place publique, sur laquelle on remarque quelques arbustes alignés et plantés en ornement. Ces arbres sont des bens oleïfères, qui ne donnent pas d’ombrage, et que l’on devrait remplacer par des tamarins ou des figuiers-sycomores, communs dans les environs, et qui réussiraient dans cette exposition. Des gens incertains du privilège qu’ils avaient de faire le commerce sur cette rivière, des marchands qui ne s’y rendaient que pour y séjourner passagèrement, des spéculateurs fainéans ont pu seuls se contenter de ce banc de sable brûlant, et ne pas être