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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

barquer sur la côte de Barbarie ; mais comme nous sommes persuadés du contraire, puisque les Anglais ont déjà exécuté cette manœuvre lors de la dernière prise de cette place, nous osons engager le gouvernement à jeter les yeux sur la situation de Saint-Louis, qui, bien certainement, deviendrait imprenable, si quelques fortifications nouvelles étaient élevées sur divers points.

Cette ville n’a du reste rien de bien intéressant ; seulement ses rues sont droites, assez larges, les maisons passablement bâties et bien aérées. Son sol est un sable brûlant qui produit peu de végétaux : on y rencontre seulement huit ou dix petits jardins de deux ou quatre ares au plus, cultivés avec succès, où l’on a planté depuis quelques années des orangers, des citronniers, qui font présumer qu’avec quelques soins ces arbres y réussiraient parfaitement. M. Corréard a vu un figuier et une treille d’Europe qui sont magnifiques, et portent une très-grande quantité de fruits. Depuis que la colonie a été remise aux Français, on y a planté plusieurs espèces d’arbres fruitiers, qui ont poussé avec une vigueur extraordinaire. On remarque cinq ou six palétuviers et une douzaine de palmiers dispersés dans l’étendue de cette ville.

La place d’armes est assez belle ; elle est située en face du château et de ce qu’on appelle le fort et la caserne ; à l’ouest, elle est bordée d’une batterie de dix ou douze pièces de 24 et de deux mortiers : ce sont les forces principales de l’île.