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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.
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que ce Pic fût continuellement couvert de neige, ni qu’il vomît des laves de métal fondu ; car lorsque nous l’observâmes, sa tête nous parut entièrement dépourvue d’eau congelée et n’offrait aucune trace récente d’éruptions volcaniques. À la base de la montagne et jusqu’à une certaine hauteur, on remarque des excavations remplies de souffre, et dans ses environs plusieurs cavernes sépulcrales des Gwanches, anciens habitans de l’île.

Madère et Ténériffe, vues du côté de leurs capitales, présentent deux aspects bien différents, comme on a pu le voir par ce qui a été déjà dit. La première apparaît couverte de cultures riantes depuis ses rivages jusques vers le sommet de ses montagnes. Partout l’œil n’y découvre que petites habitations plongées au milieu de vignes et de vergers de la plus réjouissante verdure. Ces modestes fabriques, entourées de tout le luxe de la végétation, placées sous un ciel d’azur et rarement obscurci, semblent devoir être le séjour du bonheur, et le navigateur depuis long-temps attristé par la vue monotone de la mer ne s’arrache qu’à regret à ce tableau ravissant. Ténériffe, au contraire, se montre avec toute l’empreinte de la cause qui l’a formée. Toute la côte du sud-est ne se compose que de rochers noirâtres, stériles, et dans une confusion frappante. Jusqu’aux environs de la ville de Sainte-Croix, on ne découvre sur la plus grande partie de ces terres arides et brûlées que des plantes basses, d’un vert-grisâtre, qui semblent ne devoir être, pour