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CHAPITRE XV.

nom vient des Carthaginois qui ont pu fréquenter ces parages, ils ont dû surtout être frappés de leur ressemblance avec les fameuses Syrtes de leur voisinage, que les navigateurs prenaient tant de soin d’éviter.

Exercitas aut petit Syrtes noto.

Quelque division de territoire ou de pâturages entre les hordes du désert, a sans doute autrefois fait choisir par les Européens qui désiraient faire la traite de la gomme, la baie dangereuse de Portendic, entourée d’un vaste amphithéâtre de sables brûlans, plutôt que le cap Mirick. Les Trasars d’ouest ne pourraient peut-être s’avancer au nord de cette baie sans querelle avec les autres Maures qui fréquentent le cap Blanc. Ce cap Mirik paraît toutefois préférable pour ce commerce, soit comme comptoir avec les Maures, soit aussi comme lieu de protection pour les marchands et pour la pêche. Son relief et sa disposition présentent, pour s’y défendre, des facilités que n’offre pas Portendic, où il n’existe pas aujourd’hui la plus légère apparence de végétation.

L’Estuaire de la rivière Saint-Jean, placé au revers de ce cap, n’est jamais d’ailleurs entièrement privé de verdure et d’humidité, et le sel abonde dans ses environs. Mais c’est, comme nous l’a vous dit plus haut, en s’enfonçant un peu dans les terres qu’une immense contrée, riche des dons de la nature, appelle l’industrie européenne, et offre les plus heureuses espérances aux