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CHAPITRE XIV.

roi ; je vous recommanderai à S. M., et je lui ferai connaître votre conduite et votre position ».

Ces marques de bonté ont été, jusqu’à ce jour, pour M. Corréard, le seul résultat de ce mémoire. Cependant S A. R. le fît passer au ministère de la marine ; mais il y a tout lieu de croire qu’il s’y sera englouti dans le gouffre des cartons, ce qui pourrait faire présumer que les recommandations des princes sont assez négligemment accueillies des commis des ministères, et que leurs bureaux sont l’écueil où viennent échouer les suppliques des malheureux : aussi un homme de beaucoup d’expérience, à qui M. Corréard faisait part de cette mésaventure, lui disait qu’il aimerait mieux, en pareille affaire, avoir la protection du plus mince commis que celle du premier prince du sang[1].

Nous croyons superflu d’arrêter plus long-temps le lecteur sur deux ou trois autres tentatives encore plus malheureuses et qui ne réveilleraient que des souvenirs pénibles dans l’âme de M. Corréard.

Sur ces entrefaites, il reçut enfin une lettre du ministre de la marine, en date du 4 juin. C’était un coup de foudre, car on lui faisait à-peu-près comprendre que toutes ses démarches devaient rester sans succès.

  1. « Que les hommes frémiraient au premier mal qu’ils font, s’ils voyaient qu’ils se mettent dans la triste nécessité d’en toujours faire, d’être méchans toute leur vie, pour avoir pu l’être un moment, et de poursuivre jusqu’à la mort les malheureux qu’ils ont une fois persécutés. » Lettres écrites de la Montagne.