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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

ceux qui voulaient bien lui parler, l’assistance de ses puissans protecteurs ; il comptait aussi que sa malheureuse aventure serait utile pour le service du Roi, attendu qu’il voulait proposer que tous les bâtimens du Roi, fussent commandés par des officiers de l’ancienne Roche, c’était son expression ; et qu’on mit sous leurs ordres les jeunes jacobs, pour être corrigés et élevés dans les bons principes.

Le 26, nous aperçûmes un peu à tribord de nous, une tour, que l’on prit pour celle de Cordoin, mais qui était celle de Chassiron ; et à bâbord de nous, un instant après, nous vîmes une seconde tour qu’on prit pour celle de Chassiron, mais c’était celle des Bollenots. Toute la nuit on courut des bordées entre ces deux tours, de manière que pendant la nuit nous eûmes un coup de vent terrible, qui dura environ une heure, et qui dut nous conduire tout près des Roches-Bonnes, car le lendemain, d’après les reconnaissances qu’on fit à bord et les différentes observations, il se trouvait que nous avions passé sur ces roches, et que nous avions couru toute la nuit l’açore du banc de rochers dits les Bollenots. Il est vraiment surprenant et même inconcevable, que notre bâtiment ne se soit pas perdu pendant cette nuit. Le jour nous montra les fautes de la nuit, et cependant on continua à faire des bévues. Notre pilote, et l’on pourrait dire notre capitaine, car selon moi, tout officier doit connaître l’entrée du port auquel il est attaché, croyant entrer dans le pertuis d’Antioche, nous avait fait entrer dans le pertuis Breton ; et