Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

reys, lorsqu’il fut condamné à la dégradation, à trois ans d’emprisonnement, et jugé incapable de servir, pour avoir seulement perdu la Méduse, il fit, le 18 avril 1818, nommer son fils, Toussaint-Paul, élève au collège de Limoges, d’après la recommandation de M. le comte d’Escar, employé dans la maison de Louis XVIII.

Les médecins anglais voyant que la santé de M. Corréard, loin de s’améliorer, semblait, au contraire, s’affaiblir de plus en plus, le déterminèrent à retourner en France. Ces messieurs lui donnèrent à cette fin un certificat tel que le gouverneur français ne pouvait point s’opposer à son départ. En effet, il accueillit parfaitement bien cette demande, et deux jours après le passage lui fut assuré : mais on verra plus tard quel était le motif de cet accueil favorable.

Le 28 novembre au matin, il s’embarqua sur un côtre qui devait le conduire à bord de la flûte la Loire, destinée pour la France. Il ne fut pas plutôt embarqué, que la fièvre le prit, comme elle le faisait presque tous les jours. Il était dans une situation affreuse, affaibli par cinq mois de maladie, dévoré par une fièvre brûlante, jointe à l’ardeur du soleil du midi, qui lui tombait perpendiculairement sur la tête ; il crut qu’il allait mourir. Il éprouvait avec cela des vomissemens douloureux produits par la chaleur et par une indigestion de poisson dont il avait fait son déjeûner avant son départ. Le petit navire franchit la barre du fleuve ; mais le calme étant survenu au-delà, il ne put plus