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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.
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rûmes sous une petite voilure ; à minuit, on revira de bord pour ne pas trop s’approcher de la terre. Le lendemain, au jour, nous aperçûmes très-distinctement les îles de Madère et de Porto-Santo ; sur bâbord étaient celles qu’on nomme Désertes. Madère était au moins à douze lieues ; les vents venaient de l’arrière ; nous filions douze nœuds, et en peu d’heures nous fûmes très-près de cette île. Pendant assez de temps nous la longeâmes à une très-petite distance ; nous passâmes devant les principales villes, Funchal et do Sob.

Madère se présente en amphithéâtre ; les maisons de campagne qui la couvrent paraissent d’un très-bon goût, et lui donnent un aspect charmant. Toutes ces habitations délicieuses sont entourées de superbes jardins et de champs couverts d’orangers et de citronniers qui, lorsque les vents viennent de terre, répandent, jusqu’à une demi-lieue en pleine mer, l’odeur la plus agréable. Les coteaux sont recouverts de vignes bordées de bananiers : tout enfin se réunit pour rendre Madère une des plus belles îles de l’Afrique. Son sol n’est qu’un sable végétal mêlé d’une cendre qui lui donne une force étonnante ; il présente partout les restes d’une terre volcanisée, dont la couleur est celle de l’élément qui long-temps la consuma.

Funchal, capitale de l’île, est situé par le 19° 20′ 30″ de longitude et les 32° 37′ 40″ de latitude. Cette ville est assez mal disposée ; ses rues sont étroites, et les maisons généralement mal bâties. La partie la plus élevée de l’île est le pic de Ruivo, qui s’élève à