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CHAPITRE XII.

occasionné le spectacle de la triste situation de l’étranger qu’il venait d’arracher à la détresse, M. le major lui fit les offres les plus obligeantes ; et pour que M. Corréard ne les refusât pas, il lui protesta d’avance qu’il avait trouvé, ainsi que plusieurs de ses camarades, de semblables secours auprès des Français, et que leur compatriote lui devait l’honneur de lui permettre de s’acquitter, si toutefois cela était possible, envers leur nation, des soins généreux qu’il en avait reçus[1]. Des offres aussi noblement faites ne pouvaient qu’être acceptées, en témoignant au bienfaiteur combien on s’estimerait heureux de pouvoir mériter l’amitié qu’il venait d’offrir, et que l’on ne désirait rien tant que d’être un jour à même d’en prouver sa reconnaissance d’une manière digne de lui-même et d’un Français. À partir de là, M. Corréard reçut tous les secours imaginables de la part du major et de ses officiers, et on peut dire avec vérité qu’il leur doit la vie, ainsi que les quatre officiers français qui étaient avec lui.

Le 24 du mois d’aout, M. Clairet paya son tribut à

  1. Le major Peddy avait combattu contre les Français aux Antilles et en Espagne. La bravoure de nos soldats, et l’accueil qu’on lui avait fait en France, lors de nos désastres lui avaient inspiré une très-grande vénération pour nos compatriotes, qui, dans plus d’une circonstance, s’étalent montrés généreux à son égard.