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CHAPITRE XI.

vivres qu’elle rapporta furent d’ailleurs de plus grand secours au gouverneur français, qui était à la veille d’en manquer.

Quelques jours après, les commerçans de Saint-Louis furent autorisés à se rendre à bord de la Méduse avec leurs navires, aux conditions suivantes : ils devaient faire les armemens de leurs bâtimens à leurs frais, et tous les objets qu’ils parviendraient à sauver de la frégate devaient être partagés en deux portions égales, l’une pour le gouvernement et l’autre pour les armateurs. Quatre goëlettes partirent de Saint-Louis, et, en peu de jours, parvinrent à leur destination. Elles rapportèrent dans la colonie une grande quantité de barils de farine, de viandes salées, de vin, d’eau-de-vie, de cordage, de voiles, etc., etc. Cette expédition fut terminée en moins de vingt jours[1].

À mesure que les goélettes arrivaient dans le Sénégal, il était naturel de les décharger et de mettre les objets en magasin, en attendant l’arrivée du gouverneur français, qui était absent ; il nous semble en effet que, dans les partages qui devaient avoir lieu, sa

  1. Il fut recueilli encore une autre pièce de la frégate ; ce fut le mât d’artimon, qui arriva à Saint-Louis 24 octobre. Il avait été coupé dans une des expéditions qui allèrent à bord de la Méduse ; mais on ne put réussir à l’embarquer, et on l’abandonna. La mer, à la longue, avait fait considérablement rouler le bâtiment, en détacha ce mât et le poussa sur la côte, vis-à-vis de l’île Saint-Louis. Les habitans de Guélandar le tirèrent de la mer et le ramenèrent dans l’île.