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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

particulière, arrivèrent le même soir à cinq heures, à Saint-Louis, où tout le monde apprit en peu de jours à les connaître.

Le petit navire choisi pour aller à la frégate était une goélette commandée par M. Renaud, lieutenant de vaisseau : des plongeurs noirs et quelques passagers composaient son équipage. Elle partit de Saint-Louis le 26 juillet, ayant à son bord des vivres pour huit jours ; en sorte qu’ayant éprouvé des vents contraires, elle fut obligé de rentrer dans le port, après avoir inutilement lutté sept ou huit jours pour se rendre à bord de la Méduse.

Cette goélette partît de nouveau, après avoir fait, cette fois, à peu près pour vingt-cinq jours de vivres ; mais comme la voilure était très-délabrée, et que le propriétaire de ce bâtiment ne voulait point la faire changer avant qu’elle fut entièrement hors d’état de servir, on fut obligé de remettre en mer après quelques légères réparations seulement. Ayant éprouvé au large un assez fort coup de vent, les voiles furent presque détruites, et il fallut rentrer dans le port après quinze jours environ de navigation, sans avoir pu en atteindre le but. Alors on fit faire une nouvelle voilure, ce qui demanda à peu près dix jours. Dès qu’elle fut installée, on sortit pour la troisième fois, et l’on atteignit la Méduse, cinquante deux jours après son abandon.

Une réflexion toute simple se présente ici à l’esprit de plus inattentif ; il est certain que tout lecteur doit