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CHAPITRE X.

premier coup-d’œil comme un peuple composé de deux races distinctes, qui n’ont de commun que la couleur extrêmement basanée de leur épiderme, et le noir lustre de leurs cheveux. La plus grande partie d’entr’eux, il est vrai, sont doués de cette stature et de ces traits nobles, mais sévères, qui rappellent les figures de quelques grands peintres italiens ; mais parmi eux il s’en trouve plusieurs, et c’est à la vérité le plus petit nombre, dont le crâne et le profil contrastent singulièrement avec les autres. Leur tête est remarquablement allongée, leurs oreilles petites : le front qui, dans les premiers, est très-élevé et imposant par ses belles dimensions, se rétrécit dans ceux-ci, et devient, vers le sommet, d’une protubérance choquante. Leurs yeux sont enfoncés et comme obliquement disposés, ce qui ne contribue pas peu à leur donner l’air farouche qu’on leur reproche, et leur mâchoire inférieure a de la tendance à s’allonger. Dans quelques-uns, à la vérité, on retrouve le front haut et développé des premiers, mais il en diffère toujours par son enfoncement à la base, et l’on continue à remarquer cette sorte d’allongement de la boite osseuse, qui est alors comme latéralement comprimée et sans saillie postérieure fort distincte. Ces derniers seraient-ils les descendans des aborigènes de cette contrée, dont le type reparaîtrait, nonobstant leur alliance avec tant d’étrangers ? L’histoire nous a bien transmis quelques-uns des usages de ces Numides, tour-à-tour ennemis ou alliés des Romains, mais elle a dédaigné de nous