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CHAPITRE VIII.

« Le 11 juillet, après avoir marché depuis une heure du matin jusqu’à sept heures, nous venons dans un lieu où l’Anglais comptait trouver un bœuf. Par un mal-entendu il n’y en avait point ; il fallut se serrer le ventre ; mais nous eûmes un peu d’eau.

« La chaleur était insupportable ; le soleil était déjà brûlant. On fit halte sur le sable blanc des dunes, comme étant plus sain pour une station que le sable mouillé de la mer ; mais ce sable était si chaud que les mains ne pouvaient l’endurer. Vers midi, le soleil, d’à-plomb sur nos têtes, nous torréfiait. Je n’y pus trouver de remède qu’au moyen d’une plante rampante poussant çà et là sur ce sable mouvant. D’anciennes tiges me servent de montant, et par-dessus j’établis mon habit et des feuilles. Je mets ainsi ma tête à l’ombre, le reste du corps était cuit. Le vent renversa vingt fois mon léger édifice.

« Cependant l’Anglais, sur son chameau, était allé à la recherche d’un bœuf. Il ne fut de retour que sur les quatre ou cinq heures. Il nous annonce que nous trouverions cet animal à quelques-heures de chemin. Après une marche des plus pénibles et à la nuit, nous trouvons en effet un bœuf petit, mais assez gras. On cherche loin de la mer un endroit où l’on croyait qu’il y avait une fontaine, ce n’était qu’un trou que les Maures avaient abandonné depuis peu d’heures. Là nous nous établissons : une douzaine de feux sont allumés autour de nous. Un Noir tord le cou à notre bœuf comme nous l’aurions fait à un poulet. En cinq