Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
CHAPITRE VII.
  • Lavillette, chef d’atelier…… En France.
  • Coett, matelot…… En France.
  • Thomas, pilotin………… Idem.
  • François, infirmier………… Dans l’Inde.
  • Jean-Charles, soldat noir………… Mort.
  • Corréard, ingénieur-géographe………… Sans emploi.
  • Savigny, chirurgien………… Démissionnaire.

Le gouverneur ayant été instruit de notre arrivée, nous expédia une grande embarcation pontée pour nous transporter à terre ; cette embarcation nous apportait aussi du vin et quelques rafraîchissemens. Le patron ayant jugé que nous pourrions franchir dans la marée, la barre qui est à l’embouchure du fleuve, on décida qu’on allait nous débarquer dans l’île. Les noirs qui composaient l’équipage du petit navire, déposèrent dans leur cale ceux d’entre nous qui étaient les plus malades ; ces hommes quoique peu civilisés, laissaient couler des larmes en voyant l’état déplorable dans lequel nous étions. Nous abandonnâmes le brick l’Argus vers les six heures du soir, accompagnés de M. Parnajon. Lorsque nous approchâmes de la barre, on ferma les écoutilles sur ceux qui étaient couchés à fond de cale. Nous attendions avec impatience que nous eussions franchi ce mauvais pas dont le passage dura quelques minutes. Pendant ce temps le plus profond silence régnait à bord ; la voix seule du patron se faisait entendre. Dès que nous fumes hors de danger, les noirs recommencèrent leurs chants, qui ne cessèrent qu’au moment de notre arrivée à Saint-Louis.