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tu t’en fais un fardeau plus fâcheux à porter,
tu l’attaches à toi par des chaînes plus fortes.
Son joug mal secoué, devenu plus pesant,
te charge malgré toi d’un amas plus cuisant,
impose un nouveau comble à tes inquiétudes ;
ou si tu peux enfin t’affranchir d’une croix,
ce n’est que faire place à d’autres croix plus rudes,
qui te viennent sur l’heure accabler de leur poids.

Te pourrois-tu soustraire à cette loi commune
dont aucun des mortels n’a pu se dispenser ?
Quel monarque par là n’a-t-on point vu passer ?
Qui des saints a vécu sans croix, sans infortune ?
Ton maître Jésus-Christ n’eut pas un seul moment
dégagé des douleurs et libre du tourment
que de sa passion avançoit la mémoire :
il fallut comme toi qu’il portât son fardeau ;
il lui fallut souffrir pour se rendre à sa gloire,
et pour monter au trône, entrer dans le tombeau.

Quel privilége as-tu, vil amas de poussière,