Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/536

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Seigneur ; et jusque-là point d’hymen ni d’amour.

ORODE.

Vous pourriez épouser le prince en sa présence ?

EURYDICE.

1490Je ne sais ; mais enfin je hais la violence.

ORODE.

Empêchez-la, Madame, en vous donnant à nous ;
Ou faites qu’à Mandane il s’offre pour époux.
Cet ordre exécuté, mon âme satisfaite
Pour ce héros si cher ne veut plus de retraite.
1495Qu’on le fasse venir. Modérez vos hauteurs :
L’orgueil n’est pas toujours la marque des grands cœurs.
Il me faut un hymen : choisissez l’un ou l’autre,
Ou lui dites adieu pour le moins jusqu’au vôtre.

EURYDICE.

Je sais tenir, Seigneur, tout ce que je promets,
1500Et promettrois en vain de ne le voir jamais,
Moi qui sais que bientôt la guerre rallumée
Le rendra pour le moins nécessaire à l’armée.

ORODE.

Nous ferons voir, madame, en cette extrémité,
Comme il faut obéir à la nécessité.
Je vous laisse avec lui.



Scène II.

EURYDICE, SURÉNA.
EURYDICE.

1505Je vous laisse avec lui.Seigneur, le Roi condamne
Ma main à Pacorus, ou la vôtre à Mandane ;
Le refus n’en sauroit demeurer impuni :
Il lui faut l’une ou l’autre, ou vous êtes banni.

SURÉNA.

Madame, ce refus n’est point vers lui mon crime ;