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Qu’attacher à leur rang ces gênes importunes,
Comme si pour vous plaire et les inquiéter
Dans le trône avec eux l’amour pouvoit monter.
Il nous faut un hymen, pour nous donner des princes
1030Qui soient l’appui du sceptre et l’espoir des provinces :
C’est là qu’est notre force ; et dans nos grands destins,
Le manque de vengeurs enhardit les mutins.
Du reste en ces grands nœuds l’État qui s’intéresse
Ferme l’œil aux attraits et l’âme à la tendresse :
1035La seule politique est ce qui nous émeut ;
On la suit, et l’amour s’y mêle comme il peut :
S’il vient, on l’applaudit ; s’il manque, on s’en console.
C’est dont vous pouvez croire un roi sur sa parole.
Nous ne sommes point faits pour devenir jaloux,
1040Ni pour être en souci si le cœur est à nous.
Ne vous repaissez[1] plus de ces vaines chimères,
Qui ne font les plaisirs que des âmes vulgaires,
Madame ; et que le prince aie ou non à souffrir,
Acceptez un des rois que je puis vous offrir.

PALMIS.

1045Pardonnez-moi, Seigneur, si mon âme alarmée
Ne veut point de ces rois dont on n’est point aimée.
J’ai cru l’être du prince, et l’ai trouvé si doux,
Que le souvenir seul m’en plaît plus qu’un époux.

ORODE.

N’en parlons plus, Madame ; et dites à ce frère
1050Qui vous est aussi cher que vous me seriez chère,
Que parmi ses respects il n’a que trop marqué…

PALMIS.

Quoi, Seigneur ?

ORODE.

Quoi, Seigneur ?Avec lui je crois m’être expliqué.
Qu’il y pense, Madame. Adieu.

  1. L’édition de 1692 a changé plus en point.