Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/498

Cette page a été validée par deux contributeurs.

PACORUS.

C’est en dire beaucoup.

EURYDICE.

C’est en dire beaucoup.Apprenez davantage,
550Et sachez que l’effort où mon devoir m’engage
Ne peut plus me réduire à vous donner demain
Ce qui vous étoit sûr, je veux dire ma main.
Ne vous la promettez qu’après que dans mon âme
Votre mérite aura dissipé cette flamme,
555Et que mon cœur, charmé par des attraits plus doux,
Se sera répondu de n’aimer rien que vous ;
Et ne me dites point que pour cet hyménée
C’est par mon propre aveu qu’on a pris la journée :
J’en sais la conséquence, et diffère à regret ;
560Mais puisque vous m’avez arraché mon secret,
Il n’est ni roi, ni père, il n’est prière, empire,
Qu’au péril de cent morts mon cœur n’ose en dédire.
C’est ce qu’il n’est plus temps de vous dissimuler,
Seigneur ; et c’est le prix de m’avoir fait parler.

PACORUS.

565À ces bontés, Madame, ajoutez une grâce ;
Et du moins, attendant que cette ardeur se passe,
Apprenez-moi le nom de cet heureux amant
Qui sur tant de vertu règne si puissamment,
Par quelles qualités il a pu la surprendre.

EURYDICE.

570Ne me pressez point tant, Seigneur, de vous l’apprendre.
Si je vous l’avois dit…

PACORUS.

Si je vous l’avois dit…Achevons.

EURYDICE.

Si je vous l’avois dit…Achevons.Dès demain
Rien ne m’empêcheroit de lui donner la main.