Que j’appuie en l’aimant toute son injustice,
Que je fasse de Rome exiler Bérénice.
Mais, Seigneur, à mon tour puis-je vous demander
Ce qu’à vos plus doux vœux il vous plaît d’accorder ?
Par quels ordres, grands Dieux, est-elle revenue ?
Je souffrois, mais enfin je vivois sans la voir ;
J’allois…
Seigneur ?
Comme dépositaire, il faut que j’en réponde.
Un monarque a souvent des lois à s’imposer ;
Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout oser.
Que refuserez-vous aux desirs de votre âme,
Si le sénat approuve une si belle flamme ?
De jeter dans mon âme un nouvel embarras.
Est-ce à lui d’abuser de mon inquiétude
Jusqu’à mettre une borne à son incertitude ?
Et s’il ose en mon choix prendre quelque intérêt,
Me croit-il en état d’en croire son arrêt ?
S’il exile la Reine, y pourrai-je souscrire ?
S’il parle en sa faveur, pourrez-vous l’en dédire ?
Ah ! que je vous plaindrois d’avoir si peu d’amour !
J’en ai trop, et le mets peut-être trop au jour.