Scène II.
Pour combattre et confondre une insolente ligue ?
S’il ne s’assemble pas exprès pour m’exiler,
J’ai quelques envieux qui pourront en parler.
L’exil m’importe peu, j’y suis accoutumée ;
Mais vous perdez l’objet dont votre âme est charmée :
L’audacieux décret de mon bannissement
Met votre Domitie aux bras d’un autre amant ;
Et vous pouvez[1] juger que s’il faut qu’on m’exile,
Sa conquête pour vous n’en est pas plus facile.
Voyez si votre amour se veut laisser ravir
Cet unique secours qui pourroit le servir[2].
On en pourra parler, Madame, et mon ingrate
En a déjà conçu quelque espoir qui la flatte ;
Mais je puis dire aussi que le rang que je tiens
M’a fait assez d’amis pour opposer aux siens ;
Et que si dès l’abord ils ne les font pas taire,
Ils rompront le grand coup qui seul nous peut déplaire.
Non que tout cet espoir ne coure grand hasard,
Si votre amant volage y prend la moindre part :
On l’aime ; et si son ordre à nos amis s’oppose,
Leur plus fidèle ardeur osera peu de chose.
Ah ! Prince, je mourrai de honte et de douleur,