Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

S’il épouse sa reine, il est l’horreur de Rome.
Trouvons alors, trouvons un grand cœur, un grand homme,
Un Romain qui réponde au sang de mes aïeux ;
690Et pour le révolter, laisse faire à mes yeux.
Juge, par le pouvoir de ceux de Bérénice,
Si les miens auront peine à s’en faire justice.
Si ceux-là forcent Tite à me manquer de foi,
Ceux-ci feront briser le joug d’un nouveau roi ;
695Et si de l’univers les siens charment le maître,
Les miens charmeront ceux qui méritent de l’être.
Dis-le-moi, tu l’as vue, ai-je peu de raison
Quand de mes yeux aux siens je fais comparaison ?
Est-elle plus charmante, ai-je poins de mérite ?
700Suis-je moins digne qu’elle enfin du cœur de Tite ?

PLAUTINE.

Madame…

DOMITIE.

Madame…Je m’emporte, et mes sens interdits
Impriment leur désordre en tout ce que je dis.
Comment saurois-je aussi ce que je te dois dire,
Si je ne sais pas même à quoi mon âme aspire ?
705Mon aveugle fureur s’égare à tous propos.
Allons penser à tout avec plus de repos.

PLAUTINE.

Vous pourriez hasarder un moment de visite,
Pour voir si ce retour est sans l’aveu de Tite,
Ou si c’est de concert qu’il a fait le surpris.

DOMITIE.

Oui ; mais auparavant remettons nos esprits.

FIN DU SECOND ACTE.