Voilà des vérités qu’il ne peut déguiser,
Et l’aveu qu’il te faut pour te désabuser.
Veux-tu pour t’éclaircir de plus illustres marques[1] ?
Veux-tu mieux voir le sang de nos premiers monarques ?
Ce grand cœur…
À montrer de l’orgueil et fourber à grand bruit.
Mais si par son aveu la fourbe reconnue
Ne détrompe aujourd’hui la populace émue,
Qu’il prépare sa tête, et vous-même en ce lieu
Ne pensez qu’à lui dire un éternel adieu.
- ↑ Var. Je connois mon époux à ces illustres marques :
C’est lui, c’est le vrai sang de nos premiers monarques ;
C’est… GRIM. C’est à présent lui, quand il est mieux instruit
À montrer plus d’orgueil et faire plus de bruit !
Dans l’inégalité qui sort de votre bouche,
Quel de vos sentiments voulez-vous qui me touche ?
Ce n’est pas lui, c’est lui, c’est ce que vous voudrez,
Mais je n’en croirai pas ce que vous résoudrez,
Si par son propre aveu la fourbe reconnue
Ne détrompe à mes yeux la populace émue :
Pensez-y bien, Madame, et dans ce même lieu
Dites-lui, s’il n’avoue, un éternel adieu.
[Laissons-les seuls, Unulphe, et demeure à la porte ;]
Qu’aucun sans mon congé n’entre ici, ni n’en sorte.SCÈNE V.PERTHARITE, RODELINDE.ROD. Le coup qui te menace est sensible pour moi ;
Mais n’attends point de pleurs, puisque tu meurs en roi.
Mon amour généreux hait ces molles bassesses
[Où d’un sexe craintif descendent les foiblesses.]
Dedans ce cœur de femme il a su s’affermir :
Je la suis pour t’aimer, et non pas pour gémir ;
Et ma douleur, pressée avecque violence,
[Se résout toute entière en ardeur de vengeance,]
Et n’arrête mes yeux sur ton funeste sort
Que pour sauver ta vie, ou pour venger ta mort. (1653-56)