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PLAUTINE.

Juste ciel !

FLAVIE.

Juste ciel ! De Lacus l’inimitié cruelle…

PLAUTINE.

Ô d’un trouble inconnu présage trop fidèle !
Lacus…

FLAVIE.

1775Lacus… C’est de sa main que part ce coup fatal.
Tous deux près de Galba marchoient d’un pas égal,
Lorsque tournant ensemble à la première rue,
Ils découvrent Othon maître de l’avenue.
Cet effroi ne les fait reculer quelques pas
1780Que pour voir ce palais saisi par vos soldats ;
Et Lacus aussitôt étincelant de rage
De voir qu’Othon partout leur ferme le passage[1],
Lance sur Vinius un furieux regard,
L’approche sans parler, et tirant un poignard[2]

PLAUTINE.

1785Le traître ! Hélas ! Flavie, où me vois-je réduite !

FLAVIE.

Vous m’entendez, Madame ; et je passe à la suite.
Ce lâche sur Galba portant même fureur :
« Mourez, Seigneur, dit-il, mais mourez empereur ;
Et recevez ce coup comme un dernier hommage
1790Que doit à votre gloire un généreux courage ».

  1. Var. De voir qu’Othon partout lui ferme le passage. (1665-68)
  2. Vinius n’a pas été frappé par Lacus (Laco). Tacite raconte ainsi sa mort : Ante ædem divi Julii jacuit, primo ictu in poplitem, mox ab Julio Caro, legionario milite, utrumque latus transverberatus. (Histoires, livre I, chapitre xlii.) Du reste, comme le fait remarquer Corneille (voyez ci-dessus, p. 571, l’avis Au lecteur), le même historien prête à Lacus l’intention de faire tuer Vinius : Agitasse Luco, ignare Galba, de occidendo T. Vinio dicitur, sive ut pœna ejus animos militant mulceret, seu conscium Othonis credebat, ad postremum vel odio. (Chapitre xxxix.)