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ACTE III.


Scène première.

GARIBALDE, RODELINDE.
GARIBALDE.

Ce n’est plus seulement l’offre d’un diadème
Que vous fait pour un fils un prince qui vous aime,
Et de qui le refus ne puisse être imputé
Qu’à fermeté de haine ou magnanimité :
755Il y va de sa vie, et la juste colère
Où jettent cet amant les mépris de la mère,
Veut punir sur le sang de ce fils innocent
La dureté d’un cœur si peu reconnoissant.
C’est à vous d’y penser : tout le choix qu’on vous donne,
760C’est d’accepter pour lui la mort ou la couronne.
Son sort est en vos mains : aimer ou dédaigner
Le va faire périr ou le faire régner[1].

RODELINDE.

S’il me faut faire un choix d’une telle importance,
On me donnera bien le loisir que j’y pense.

GARIBALDE.

765Pour en délibérer vous n’avez qu’un moment :
J’en ai l’ordre pressant ; et sans retardement,
Madame, il faut résoudre, et s’expliquer sur l’heure :
Un mot est bientôt dit. Si vous voulez qu’il meure,

  1. « Ces vers forment absolument la même situation que celle d’Andromaque. » (Voltaire.)