Galba s’est laissé vaincre, et Pison vous adore.
De votre haut crédit c’est donc un pur effet ?
Ne désavouez point ce que mon zèle a fait.
Mes soins de l’empereur ont fléchi la colère,
Et renvoyé Plautine obéir chez son père.
Notre nouveau César la voulait épouser ;
Mais j’ai su le résoudre à s’en désabuser ;
Et Galba, que le sang presse pour sa famille,
Permet à Vinius de mettre ailleurs sa fille.
L’un vous rend la couronne, et l’autre tout son cœur.
Voyez mieux quelle en est la gloire et la douceur,
Quelle félicité vous vous étiez ôtée
Par une aversion un peu précipitée ;
Et pour vos intérêts daignez considérer…
Je vois quelle est ma faute, et puis la réparer ;
Mais je veux, car jamais on ne m’a vue ingrate,
Que ma reconnoissance auparavant éclate,
Et n’accorderai rien qu’on ne vous fasse heureux.
Vous aimez, dites-vous, cet objet rigoureux,
Et Pison dans sa main ne verra point la mienne
Qu’il n’ait réduit Plautine à vous donner la sienne,
Si pourtant le mépris qu’elle fait de vos feux
Ne vous a pu contraindre à former d’autres vœux.
Ah ! Madame, l’hymen a de si douces chaînes,
Qu’il lui faut peu de temps pour calmer bien des haines ;
Et du moins mon bonheur sauroit avec éclat
Vous venger de Plautine et punir un ingrat.
Je l’avois préféré, cet ingrat, à l’empire ;
Je l’ai dit, et trop haut pour m’en pouvoir dédire ;