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À pouvoir recueillir les fruits de son malheur.

VINIUS.

Tiens pourtant l’âme prête à le mettre en usage ;
Change de sentiments, ou du moins de langage ;
Et pour mettre d’accord ta fortune et ton cœur,
1340Souhaite pour l’amant, et te garde au vainqueur.
Adieu : je vois entrer la princesse Camille.
Quelque trouble où tu sois, montre une âme tranquille,
Profite de sa faute, et tiens l’œil mieux ouvert
Au vif et doux éclat du trône qu’elle perd.


Scène IV.

CAMILLE, PLAUTINE, ALBIANE.
CAMILLE.

1345Agréerez-vous, Madame, un fidèle service
Dont je viens faire hommage à mon impératrice ?

PLAUTINE.

Je crois n’avoir pas droit de vous en empêcher ;
Mais ce n’est pas ici qu’il vous la faut chercher.

CAMILLE.

Lorsque Galba vous donne à Pison pour épouse…

PLAUTINE.

1350Il n’est pas encor temps de vous en voir jalouse.

CAMILLE.

Si j’aimois toutefois ou l’empire ou Pison,
Je pourrois déjà l’être avec quelque raison.

PLAUTINE.

Et si j’aimois, madame, ou Pison ou l’empire,
J’aurois quelque raison de ne m’en pas dédire ;
1355Mais votre exemple apprend aux cœurs comme le mien
Qu’un généreux mépris quelquefois leur sied bien.