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PLAUTINE.

Que d’oser… Il n’a pas encore éteint son feu ;
1225Et du choix de Pison quelles que soient les causes,
Je n’ai qu’à dire un mot pour brouiller bien des choses.

OTHON.

Vous vous ravaleriez jusques à l’écouter ?

PLAUTINE.

Pour vous j’irai, Seigneur, jusques à l’accepter.

OTHON.

Consultez votre gloire, elle saura vous dire…

PLAUTINE.

1230Qu’il est de mon devoir de vous rendre l’empire.

OTHON.

Qu’un front encor marqué des fers qu’il a portés…

PLAUTINE.

A droit de me charmer, s’il fait vos sûretés.

OTHON.

En concevez-vous bien toute l’ignominie ?

PLAUTINE.

Je n’en puis voir, Seigneur, à vous sauver la vie.

OTHON.

1235L’épouser à ma vue ! et pour comble d’ennui…

PLAUTINE.

Donnez-vous à Camille, ou je me donne à lui.

OTHON.

Périssons, périssons, Madame, l’un pour l’autre,
Avec toute ma gloire, avec toute la vôtre.
Pour nous faire un trépas dont les dieux soient jaloux,
1240Rendez-vous toute à moi, comme moi tout à vous ;
Ou si pour conserver en vous tout ce que j’aime,
Mon malheur vous obstine à vous donner vous-même,
Du moins de votre gloire ayez un soin égal,
Et ne me préférez qu’un illustre rival.