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ACTE IV


Scène première.

OTHON, PLAUTINE.
PLAUTINE.

Que voulez-vous, seigneur, qu’enfin je vous conseille ?
Je sens un trouble égal d’une douleur pareille ;
1155Et mon cœur tout à vous n’est pas assez à soi
Pour trouver un remède aux maux que je prévoi :
Je ne sais que pleurer, je ne sais que vous plaindre.
Le seul choix de Pison nous donne tout à craindre :
Mon père vous a dit qu’il ne laisse à tous trois
1160Que l’espoir de mourir ensemble à notre choix ;
Et nous craignons de plus une amante irritée
D’une offre en moins d’un jour reçue et rétractée,
D’un hommage où la suite a si peu répondu,
Et d’un trône qu’en vain pour vous elle a perdu.
1165Pour vous avec ce trône elle était adorable,
Pour vous elle y renonce, et n’a plus rien d’aimable.
Où ne portera point un si juste courroux
La honte de se voir sans l’empire et sans vous ?
Honte d’autant plus grande et d’autant plus sensible,
1170Qu’elle s’y promettoit un retour infaillible,
Et que sa main par vous croyoit tôt regagner[1]
Ce que son cœur pour vous paroissoit dédaigner.

  1. Var. Et que sa main par vous croyoit trop regagner. (1665 et 66)