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Et voulois à tous deux vous dire quatre mots.
Si j’en crois certain bruit que je ne puis vous taire,
Vous poussez un peu loin l’orgueil du ministère :
On dit que sur mon rang vous étendez sa loi,
680Et que vous vous mêlez de disposer de moi.

MARTIAN.

Nous, madame ?

CAMILLE.

Nous, madame ? Faut-il que je vous obéisse,
Moi, dont Galba prétend faire une impératrice ?

LACUS.

L’un et l’autre sait trop quel respect vous est dû.

CAMILLE.

Le crime en est plus grand, si vous l’avez perdu.
685Parlez, qu’avez-vous dit à Galba l’un et l’autre ?

MARTIAN.

Sa pensée a voulu s’assurer sur la nôtre ;
Et s’étant proposé le choix d’un successeur,
Pour laisser à l’empire un digne possesseur,
Sur ce don imprévu qu’il fait du diadème,
690Vinius a parlé, Lacus a fait de même.

CAMILLE.

Et ne savez-vous point, et Vinius, et vous,
Que ce grand successeur doit être mon époux ?
Que le don de ma main suit ce don de l’empire ?
Galba, par vos conseils, voudroit-il s’en dédire ?

LACUS.

695Il est toujours le même, et nous avons parlé
Suivant ce qu’à tous deux le ciel a révélé :
En ces occasions, lui qui tient les couronnes
Inspire les avis sur le choix des personnes.
Nous avons cru d’ailleurs pouvoir sans attentat
700Faire vos intérêts de ceux de tout l’État :