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théâtre toute la politique de Tacite, comme il y a mis toutes les déclamations de Lucain[1]. » Dans ce passage Tallemant fait allusion à ce vers :


Du timon qu’il embrasse il se fait le seul guide,


et au reste du discours de Lacus[2]. Quant au passage où il est tenté de voir une allusion à l’amour de Mlle  de la Vallière pour le Roi, c’est celui que Corneille a mis dans la bouche de Plautine et qui commence ainsi :


Si l’injuste rigueur de notre destinée
Ne permet plus l’espoir d’un heureux hyménée,
Il est un autre amour dont les vœux innocents
S’élèvent au-dessus du commerce des sens[3].


La pièce renferme encore une allusion qui a été signalée dans le Bolæana[4] : « Il (Boileau) n’étoit point du tout content de la tragédie d’Othon, qui se passoit tout en raisonnements et où il n’y avoit point d’action tragique. Corneille avoit affecté d’y faire parler trois ministres d’État dans le temps où Louis XIV n’en avoit pas moins que Galba, c’est-à-dire MM. le Tellier, Colbert et de Lionne. M. Despréaux ne se cachoit point d’avoir attaqué directement Othon dans ces quatre vers de son Art poétique[5] :


Vos froids raisonnements ne feront qu’attiédir
Un spectateur toujours paresseux d’applaudir,
Et qui, des vains efforts de votre rhétorique
Justement fatigué, s’endort, ou vous critique. »


Les beaux discours politiques que l’on rencontre dans cet ouvrage n’ont pas été jugés si sévèrement par tous les contemporains. « On peut, dit Joly[6], appliquer à cette tragédie ces

  1. Historiettes, tome VII, p. 253 et 254.
  2. Acte II, scène iv, vers 617 et suivants.
  3. Acte I, scène iv, vers 309 et suivants.
  4. In-12, p. 132 et 134.
  5. Chant III, vers 21-24.
  6. Avertissement de l’édition du Théâtre de P. Corneille, de 1738, p. lxiii.