Scène III.
À qui du moins ta foi doit le titre d’épouse,
Si depuis que pour moi je t’ai vu soupirer,
Jamais d’un seul coup d’œil je t’ai fait espérer ;
Ou si tu veux laisser pour éternelle gêne
À cette ambitieuse une frayeur si vaine,
Dis-moi de mon époux le déplorable sort :
Il vit, il vit encore, si j’en crois son rapport ;
De ses derniers honneurs les magnifiques pompes[1]
Ne sont qu’illusions avec quoi tu me trompes ;
Et ce riche tombeau que lui fait son vainqueur
N’est qu’un appas[2] superbe à surprendre mon cœur.
Madame, vous savez ce qu’on m’est venu dire,
Qu’allant de ville en ville et d’empire en empire
Contre Édüige et moi mendier du secours,
Auprès du roi des Huns il a fini ses jours ;
Et si depuis sa mort j’ai tâché de vous rendre…
Qu’elle soit vraie ou non, tu n’en dois rien attendre.
Je dois à sa mémoire, à moi-même, à son fils,
Ce que je dus aux nœuds qui nous avaient unis.
Ce n’est qu’à le venger que tout mon cœur s’applique ;
Et puisqu’il faut enfin que tout ce cœur s’explique,
Si je puis une fois échapper de tes mains,