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C’est elle par ma voix, seigneur, qui vous en prie ;
C’est Rome…

Sertorius
——————Le séjour de votre potentat,
Qui n’a que ses fureurs pour maximes d’état ?
Je n’appelle plus Rome un enclos de murailles
Que ses proscriptions comblent de funérailles :
Ces murs, dont le destin fut autrefois si beau,
N’en sont que la prison, ou plutôt le tombeau ;
Mais pour revivre ailleurs dans sa première force,
Avec les faux Romains elle a fait plein divorce ;
Et comme autour de moi j’ai tous ses vrais appuis,
Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.
Parlons pourtant d’accord. Je ne sais qu’une voie
Qui puisse avec honneur nous donner cette joie.
Unissons-nous ensemble, et le tyran est bas ;
Rome à ce grand dessein ouvrira tous ses bras.
Ainsi nous ferons voir l’amour de la patrie,
Pour qui vont les grands cœurs jusqu’à l’idolâtrie ;
Et nous épargnerons ces flots de sang romain
Que versent tous les ans votre bras et ma main.

Pompée
Ce projet, qui pour vous est tout brillant de gloire,
N’aurait-il rien pour moi d’une action trop noire ?