Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SERTORIUS.
TRAGÉDIE.

ACTE I.


Scène PREMIÈRE.

PERPENNA, AUFIDE.
PERPENNA.

D’où me vient ce désordre, Aufide, et que veut dire
Que mon cœur sur mes vœux garde si peu d’empire ?
L’horreur que malgré moi me fait la trahison
Contre tout mon espoir révolte ma raison ;
5Et de cette grandeur sur le crime fondée,
Dont jusqu’à ce moment m’a trop flatté l’idée,
L’image toute affreuse, au point d’exécuter,
Ne trouve plus en moi de bras à lui prêter.
En vain l’ambition qui presse mon courage,
10D’un faux brillant d’honneur pare son noir ouvrage ;
En vain, pour me soumettre à ses lâches efforts,
Mon âme a secoué le joug de cent remords :
Cette âme, d’avec soi tout à coup divisée,
Reprend de ces remords la chaîne mal brisée ;
15Et de Sertorius le surprenant bonheur
Arrête une main prête à lui percer le cœur.

AUFIDE.

Quel honteux contre-temps de vertu délicate