D’un hymen que j’ai fait ne rompez pas les nœuds.
Comme je ne veux point détruire son Aæte,
Ne détruisez pas mes héros :
Assurez à ses jours gloire, sceptre, repos ;
Assurez-lui tous les biens qu’il souhaite ;
Mais de la même main assurez à Jason
Médée et la toison.
Des arrêts du destin l’ordre est invariable,
Rien ne sauroit le rompre en faveur de ton fils,
Soleil ; et ce trésor surpris
Lui rend de ses États la perte inévitable.
Mais la même légèreté
Qui donne Jason à Médée
Servira de supplice à l’infidélité
Où pour lui contre un père elle s’est hasardée.
Persès dans la Scythie arme un bras souverain ;
Sitôt qu’il paroîtra, quittez ces lieux, Aæte,
Et par une prompte retraite,
Épargnez tout le sang qui couleroit en vain.
De Lemnos faites votre asile ;
Le ciel veut qu’Hypsipyle
Réponde aux vœux d’Absyrte, et qu’un sceptre dotal
Adoucisse le cours d’un peu de temps fatal.
Car enfin de votre perfide
Doit sortir un Médus qui vous doit rétablir ;
À rentrer dans Colchos il sera votre guide ;
Et mille grands exploits qui doivent l’ennoblir,
Feront de tous vos maux les assurés remèdes,
Et donneront naissance à l’empire des Mèdes.
Ne vous permettez plus d’inutiles soupirs.
Puisque le ciel répare et venge votre perte,