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Descends, objet divin de nos plus doux souhaits, 165
Et par tes feux éteins ceux de la guerre.

(Après que l’Hyménée et la Paix sont descendus, les quatre Amours remontent au ciel, premièrement de droit fil tous quatre ensemble, et puis se séparant deux à deux[1] et croisant leur vol, en sorte que ceux qui sont au côté droit se retirent à gauche dans les nues, et ceux qui sont au gauche[2] se perdent dans celles du côté droit.)



Scène V

L’HYMÉNÉE, LA PAIX, LA FRANCE, LA VICTOIRE.
La France, à la Paix.

Adorable souhait des peuples gémissants,
Féconde sûreté des travaux innocents,
Infatigable appui du pouvoir légitime,
Qui dissipez le trouble et détruisez le crime, 170
Protectrice des arts, mère des beaux loisirs.
Est-ce une illusion qui flatte mes désirs ?
Puis-je en croire mes yeux, et dans chaque province
De votre heureux retour faire bénir mon prince ?

La Paix.

France, aprends que lui-même il aime à le devoir 175
À ces yeux dont tu vois le souverain pouvoir.
Par un effort d’amour réponds à leurs miracles ;
Fais éclater ta joie en de pompeux spectacles :
Ton théâtre a souvent d’assez riches couleurs
Pour n’avoir pas besoin d’emprunter rien ailleurs, 180
Ose donc, et fais voir que ta reconnoissance…

La France.

De grâce, voyez mieux quelle est mon impuissance.

  1. Var. Et puis se séparent deux à deux. (1664)
  2. Var. À gauche. (1661-64)