Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pourriez-vous soutenir les traits de son visage ? 145
Fuyez, monstres, à son image ;
Fuyez, et que l’enfer, qui fut votre berceau,
Vous serve à jamais de tombeau.
Et vous, noirs instruments d’un indigne esclavage,
Tombez, fers odieux, à ce divin aspect, 150
Et pour lui rendre un prompt hommage,
Anéantissez-vous de honte ou de respect.

(Il présente ce portrait aux yeux de la Discorde et de l’Envie, qui trébuchent aussitôt aux enfers, et ensuite il le présente aux chaînes qui tiennent la Paix prisonnière, lesquelles tombent[1] et se brisent tout à l’heure.)

La Paix[2].

Dieux des sacrés plaisirs, vous venez de me rendre
Un bien dont les Dieux même ont lieu d’être jaloux ;
Mais ce n’est pas assez, il est temps de descendre, 155
Et de remplir les vœux qu’en terre on fait pour nous.

L’Hyménée.

Il en est temps, Déesse, et c’est trop faire attendre
Les effets d’un espoir si doux.
Vous donc, mes ministres fidèles,
Venez, Amours, et prêtez-nous vos ailes. 160

(Quatre Amours descendent du ciel, deux de chaque côté, et s’attachent à l’Hyménée et à la Paix pour les apporter en terre.)

La France.

Peuple, fais voir ta joie à ces divinités
Qui vont tarir le cours de tes calamités.

Chœur de musique.

(L’Hyménée, la Paix, et les quatre Amours descendent cependant qu’il chante[3] :)

Descends, Hymen, et ramène sur terre
Les délices avec la paix ;

  1. Var. Qui tombent. (1661-64)
  2. La Paix, libre. (1661)
  3. Thomas Corneille, selon sa coutume, et Voltaire après lui donnent : « pendant qu’il chante. »