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Ni zèle plus savant en l’art de réunir,
Ni savoir mieux instruit du commun avantage.

Par ces organes seuls ces dignes potentats
Se font eux-mêmes leurs arbitres ;
Aux conquêtes par eux ils donnent d’autres titres, 130
Et des bornes à leurs États.
Ce dieu même qu’attend ma longue impatience
N’a droit de m’affranchir que par leur conférence :
Sans elle son pouvoir seroit mal reconnu.
Mais enfin je le vois, leur accord me l’envoie. 135
France, ouvre ton cœur à la joie ;
Et vous, monstres, fuyez ; ce grand jour est venu.

(L’Hyménée paroît, couronné de fleurs, portant en sa main droite un dard semé de lis et de roses, et en la gauche le portrait de la Reine peint sur son bouclier.)



Scène IV

L’HYMÉNÉE, LA PAIX, LA DISCORDE, L’ENVIE[1], LA FRANCE, LA VICTOIRE.
La Discorde.

En vain tu le veux croire, orgueilleuse captive :
Pourrions-nous fuir le secours qui t’arrive ?

L’Envie.

Pourrions-nous craindre un dieu qui contre nos fureurs
Ne prend pour armes que des fleurs ?

L’Hyménée.

Oui, monstres, oui, craignez cette main vengeresse ; 140
Mais craignez encor plus cette grande princesse[2]
Pour qui je viens allumer mon flambeau :

  1. L’ENVIE, dans le ciel… LA VICTOIRE, en terre. (1661)
  2. Voyez ci-dessus, p. 258, note 5.